Joel Olivier
Joel Olivier

Scénario

Pourquoi pas Blanche-Neige pendant qu'on y est ?

Un scénario de court-métrage de Joel Olivier

Prix pour le scenario

— Prix de la fondation Beaumarchais

­­— Premier prix (Concours national de scénario de court métrage de l’Eure)

— Grand prix du meilleur scénario de court métrage (Festival du film français d’Albi)

— Aide à la création de musique originale pour le court métrage (Moulin d’Andé / Sacem)

— Aide de la région Provence Alpes cotes d’azur

— Aide du département de l’Eure

Synopsis

 Lucie, sept ans.

 Des parents compréhensifs.

 Une vie paisible.

 Une maîtresse compétente.

 Et pourquoi pas Blanche-Neige pendant qu'on y est ?

Scénario

 

1. Extérieur. Jour. Le matin. Un village.

Une vue d'un joli village, tôt le matin. Tout est calme. Une cloche tinte.

Un fleuve. Des grands arbres au bord de l'eau. Des chants d’oiseaux résonnent.

Une prairie dans la campagne. De la brume stagne encore sur l’herbe.

 

Le narrateur (off) : Il une fois un monde merveilleux que l'on nomme

                                         l'enfance...                      

 

2. Extérieur. Matin. Une école primaire.

Une école primaire éclairée par des rayons de soleil.

 

Le narrateur (off) : Un monde paisible, peuplé de petits êtres tendres et 

                                         innocents…

 

3. Extérieur. Jour. Ecole.  Cour.

Une vingtaine d'enfants de 7-8 ans  déboulent dans la cour et courent s’installer sur les bancs en hurlant comme des malades, dans un chahut indescriptible.

Dans un grand désordre, le photographe installe les enfants sur les bancs en essayant de couvrir le vacarme.

 

Le narrateur (off)  : Un univers magique où règnent la douceur et la

                                          gentillesse..

 

Le photographe crie sur un enfant qui s’assoit devant.

 

                   Le photographe

                    T’ES PAS PETIT, TOI !! METS-TOI DERRIÈRE !!

 

Le narrateur (off  :... Un monde de perfection !

 

Au bout du banc, Lucie, 7 ans, s’installe en traînant les pieds.

Le photographe va se mettre derrière son appareil. L’homme fait un sourire grotesque, lance un « kiki! » sonore. Tous les enfants sont hilares. Tous, sauf Lucie.

 

Le narrateur (off) :... Mais intéressons-nous plus particulièrement à l'un de

                                             ces petits angelots.

 

On se rapproche jusqu'au gros plan de Lucie, 7 ans, qui regarde l'objectif et qui ne rit pas du tout. Clac! L’appareil photo prend le cliché. Une musique rock commence…

 

...4. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

On s'écarte de la photo de Lucie qui est accrochée au mur d'une chambre d'enfant. On arrive sur Lucie qui est devant un miroir.

Lucie est face caméra (elle se regarde dans le miroir). Elle fait un tas de grimaces,

aussi laides les unes que les autres. La musique s’arrête : Lucie fait une dernière grimace : un index de chaque côté de la bouche et qui l'écarte, les yeux qui louchent et la langue qui fait du bruit.  Elle redevient normale.

 

                   Lucie (off)

                    Quand je serai grande, je ferai chier tout le monde.

 

5. Un tableau noir où est écrit : un film de…. Une petite main balance un verre d’eau sur le nom du réalisateur, qui se met à dégouliner.

 

       L’imaginaire

 

6. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Salon.

C’est Noël. Au pied du sapin, Lucie sort d’un carton une poupée.

 

                       Lucie (off)

                       A Noël, j'ai eu une poupée en bois.

 

A ses côtés, Arthur, 8 ans, du style qui n’a peur de rien, déplie un costume noir.

 

                       Lucie (off)

                       Mon cousin, lui, il a reçu un déguisement de sorcier.

 

7. Extérieur. Jour. Maison de Lucie. Le jardin.

Un pavillon, avec un jardin, une balançoire, des rosiers. Arthur, en costume de sorcier, plante un bâton dans la terre. Autour du bâton, un petit tas de bois.

 

                         Lucie (off)

On va jouer à l'inquisition, qu'il a dit. Ma poupée, il l'a appelée Jeanne d'Arc et il l'a brûlée.

 

Une poupée brûle sur un bûcher. La mère sort de la maison, hystérique, avec un seau d’eau à la main et court vers le bûcher.

 

                         Lucie (off)

Ma maman, elle n’était pas contente, parce que c'était une vieille poupée de grand-mère.

 

La mère balance le seau d’eau sur la poupée, qui se met à fumer.

 

8. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

On retrouve Lucie dans sa chambre.

Elle coiffe la poupée avec ce qu'il lui reste de cheveux. Quant à la robe, elle est calcinée.

En arrière-plan, la mère ouvre la porte et lui fait la morale en l’engueulant.

 

                         Lucie (off)

Quand je lui ai demandé comment le Père-Noël avait eu la poupée de grand-mère, elle a marmonné quelque chose et puis elle est partie.

 

La mère claque la porte. Lucie regarde sa poupée avec sa coiffure grotesque.

 

9. Intérieur. Nuit. Maison de Lucie. Salon.

Arthur sort un costume argenté d’un carton.

 

                         Lucie (off)

Deux jours plus tard, le père-noël, il est revenu. Il a repris le costume de sorcier et à la place, il a mis un costume d’astronaute.                                                            

 

Il regarde le costume, dubitatif.

 

10. Extérieur. Jour. Maison de Lucie. Le jardin.

Lucie est assise sur une balançoire attachée à une branche d’un arbre.

 

                         Lucie (off)

A l'école, les autres, ils disent que le père-Noël n'existe pas. Mais moi, je sais qu'il existe.

 

11. Intérieur. Nuit. Maison de Lucie. Salon.

Plan subjectif : Par la porte du salon entr’ouverte, on voit le père en train de faire l’idiot, déguisé en Père-Noel. Derrière lui, la mère qui pouffe en portant les cadeaux.

 

                         Lucie (off)

La nuit de Noël, j'étais réveillée et je l'ai vu. Il était grand et brun, comme mon papa. Ma maman l'a vu aussi, puisqu'elle était derrière lui. Il exagère un peu quand même, le Père-Noël, il faisait porter les cadeaux à ma maman.

 

10 Suite. Extérieur. Jour. Maison de Lucie. Le jardin.

Lucie est sur la balançoire. L'anneau grince à chaque balancement.

En fond, la mère, la quarantaine, apparaît sur le perron.

 

                                   La mère

Lucie, non, mais tu as vu l'heure ? Si tu loupes le car, tu te débrouilleras avec ton père pour t'emmener à l'école !...

 

12. Intérieur. Jour. Car scolaire.

Lucie est assise à côté d'une vitre, dans un car scolaire. Elle dessine sur la vitre.

 

                         Lucie (off)

J'aime pas l'école. On ne nous apprend pas ce que l'on a envie         d'apprendre.

 

Au-dehors, Romain, 8 ans, un petit garçon déguisé en Zorro, se dirige vers le car.

 

                         Lucie (off)

J'ai dit à ma maîtresse : "Maîtresse, comment on écrit le mot « merde » ? Elle m'a mise dehors. C’est pas comme ça que je vais apprendre à écrire.

 

Romain remonte l’allée du car. Des moqueries se font entendre : « Attention, Zorro arrive ! ».                      

 

13. Extérieur. Jour. Une route départementale.

Le car roule sur une route de campagne verdoyante.

 

14. Extérieur. Jour. Ecole. La grille.

On suit (de dos) Lucie qui marche, un cartable sur le dos. Elle se dirige vers l'entrée de l'école communale.

 

Lucie (off)

Maintenant, le mot « merde », cela ne marche plus. Il faudrait que j'en trouve un autre. Hier, mon papa, il a traité un chauffeur de taxi de gros con.

 

15. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

Sur l’estrade, l’institutrice explique l’orthographe d’un mot. On voit Lucie lever le doigt. L’institutrice lui donne la parole.

 

16. Intérieur. Jour. Ecole. Un couloir.

Lucie (de dos) marche dans le couloir. Au bout, le bureau du directeur

 

Lucie (off)

Je pense que « gros con », c'est encore un plus gros mot que « merde »,  parce que, là, je dois aller chez le directeur.

J'aime pas l'école. Quand je serai grande, j'irai plus.

 

17. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

Un poster de Mickey est collé sur l'armoire.

Des ronds tracés au feutre forment une cible sur le visage de Mickey.

Trois fléchettes sont plantées dans la cible.

 

                     Lucie (off)

                     Mes parents, ils sont trotskistes...

 

18. Intérieur. Nuit. Maison de Lucie. Salon.

La mère est assise sur un canapé. Derrière, le père essaie tant bien que mal d'enclencher une bobine sur un projecteur Super 8.

 

                         Lucie (off)

Trotskistes, ça doit être un gros mot, parce que mon grand-père, il les traite de ça quand ils parlent de politique et qu'il s'énerve.

 

                        La mère

Lucie, tu viens ?... le film va commencer !

(Lucie arrive sans se presser en faisant racler ses chaussures)

Et ne traîne pas les pieds, s'il te plaît !

 

Lucie (off)

Papa, il s’est mis dans l’idée de filmer avec la vieille caméra de Pépé.

 

Lucie s'assoit à côté de sa mère en tirant la tronche. La mère se tourne vers son mari.

 

                       La mère

                         Tu y arrives ?

 

Le mari s'énerve sur la pellicule qu'il a du mal à accrocher sur la bobine vide. 

 

                        Le père

                         Putain, mais c'est le bordel, ce truc-là !

 

Lucie (off)

C’est déjà bien qu’il s’en rende compte.

 

                        La mère

                         Je t'en prie ! Ne dis pas de gros mots devant Lucie !...

 

Il met en route l'appareil, la pellicule s'enroule. Il va rapidement s'asseoir sur le canapé. Des numéros et des ronds apparaissent sur l'écran. Le père pose sa main sur la cuisse de sa femme. D'un geste sec, elle lui prend la main et la ramène sur sa jambe à lui.  Du coin de l'oeil, Lucie a vu le geste.

 

Sur l'écran (plein cadre) : La mère et Lucie sont à la plage, en maillot de bain, couchées sur une serviette. Dans le champ apparaît un seau (tenu par celui qui tient la caméra).

En off, on entend le ricanement du père. Le seau s’approche, puis l’eau est balancé sur la mère qui se redresse d’un coup et engueule la caméra.

 

Salon : Le père ricane, se tourne vers sa femme pour rire avec elle, sauf que la mère et la petite fille regardent l’écran sans aucune once d’humour.

 

Sur l'écran (plein cadre) : Un château de sable est pris d’une vingtaine de mètre.

                        Lucie (off)

Ça, c’est le château de sable de papa.

 

Lucie, qui visiblement ne sait pas qu’elle est filmée, s’approche du château de sable et donne un coup de pied dedans.

 

                        Lucie (off)

                         Enfin, je l’ai su après.

 

Le cadre bascule en avant, se dirige rapidement vers le château, puis Noir (Le père a brusquement arrêté de filmer). L'image suivante montre Lucie assise, en train de pleurer.

 

Salon : A cette image, le père rigole. Lucie regarde l'écran en boudant.

 

Sur l'écran (plein cadre) :

La caméra 8 se met à filmer. La tête de Lucie apparaît dans le champ. On comprend que c’est elle qui tient la caméra. Puis elle pose la caméra qui tourne toujours sur la serviette. Elle part en courant vers la plage.

 

Dans le salon : Les parents, d'un même mouvement, se tournent vers Lucie.

Lucie continue de fixer l'écran. Seul le bruit du projecteur résonne encore dans la pièce. Pour Lucie, le temps qui s'écoule parait long. Très long.

 

19. Intérieur. Nuit. Un restaurant grec. (Musique grecque)

Il n'y a pas grand-monde. Dans un coin, Lucie et ses parents sont attablés.

 

                     Lucie (off)

                     Tous les samedis, on va manger au restaurant. Toujours le même.

 

Dans un coin, sur une petite estrade en bois, un musicien grec (en chemise blanche et gilet doré) joue de la mandoline.

 

                     Le père

                      Ça te plaît ?

 

Lucie regarde d'un air maussade le musicien grec.

Sur les murs, des photos de la Grèce.

 

                     Lucie (off)

                     Ça lui rappelle les vacances, qu'il dit mon papa.

 

Des statuettes grecques en plâtre.

 

                         Lucie (off)

L'été prochain, il veut retourner là-bas. Comme ça, ça lui rappellera le restaurant, que je lui ai dit. Il a pas aimé.

 

Le père lui demande de retirer les coudes de la table.

Elle soupire, regarde le musicien.  

Le musicien la regarde en souriant d'un air attendri.  

Lucie lui renvoie son regard en faisant la tronche.

 

                         Lucie (off)

Vivement que je sois grande. Comme ça, je ferai que ce que j'ai envie.

Enfin, pour l’instant, j’ai que 7 ans.

 

20. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Salon.

Lucie est assise par terre, devant trois DVD : « La belle et la bête », « Cyrano de Bergerac », « Vacances Romaines ». Une télévision fonctionne dans un coin de la pièce. C’est le film de Jean Cocteau, en noir et blanc.

 

                        Lucie (off)

Ma maman, pour mon anniversaire, elle m'a offert « La Belle et la Bête ». Elle m'a dit que quand elle était petite, elle était amoureuse de Jean Marais,

 

Sur l’écran, un type recouvert de poils (Jean Marais en Bête)

s’approche de la Belle. Lucie le regarde. Elle n'en revient pas.

 

                        La bête

                                     N’ayez pas peur…

 

                         Lucie (off)

                                     Tu parles, un amoureux pareil, ça fout les jetons.

Mais les grandes personnes, des fois, il faut pas chercher à comprendre.

 

21. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Lucie est couchée dans son lit. La fenêtre est ouverte.

Devant elle, un DVD avec la couverture de Cyrano de Bergerac.

 

                     Lucie (off)

                     A la limite, je préfère encore Cyrano de Bergerac.

                                 Même que des fois, le soir, il vient me voir.

 

Dehors, on entend une voix (qui ressemble à celle de Gérard Depardieu)

 

                     Cyrano (hors-champ)

                     Lucie !!

 

Lucie se lève, court à la fenêtre (au premier étage). Elle regarde en bas.

 

22. Extérieur. Nuit. Maison de Lucie. Le jardin.

Cyrano est sous un arbre (le visage est dans la pénombre). Il porte un chapeau de carnaval sur la tête, avec une plume et une cape en papier crépon. Il parle de façon théâtrale (avec la voix imitée de Gérard Depardieu).

 

                     Cyrano

                     T'as vu mon nez ?? C'est un roc, c'est un pic, c'est un cap!

                     Que dis-je, c'est un cap... c'est une péninsule!

 

23. Suite. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Lucie court se recoucher. Cyrano apparaît dans son habit de pacotille. (Il se prend pour Gérard Depardieu, prend sa voix, ses mimiques).

 

                     Cyrano

                       Je me nomme Pinocchio de Bergerac…

                       Et, de façon théâtrale, je dis des vers en vrac !

 

Lucie le regarde, le prend vraiment pour un farfelu.

 

                     Lucie

                      C'est pas Pinocchio... c'est Cyrano!

 

Il marche de long en large, fait des gestes amples, se prend pour un grand comédien du théâtre Français.

 

                     Cyrano

                      Ah bon ? C'est pas Pinocchio qui a un long nez ?

            

                     Lucie                    

                      Mais non ! Lui, il a un long nez seulement quand il ment !

 

                     Cyrano

                     Et Cyrano ?

 

                     Lucie

                      Ben…Il l'a tout le temps !

 

                     Cyrano

                      Et comment on sait quand il ment, alors ?

 

                     Lucie (espiègle)

                      Mais non, ça, c'est Pinocchio !

 

                     Cyrano

                      Et moi, je suis qui ?

 

                     Lucie

                      Cyrano !...

 

Il vient s’asseoir au bord du lit, écoute attentivement.

 

                        Lucie

Cyrano, il écrit des lettres d'amour à une fille sans lui dire que c'est lui qui les a écrites.

 

Il prend le regard et la voix douce de Gérard Depardieu quand il fait le gentil :

 

                                  Cyrano

Et pourquoi il lui dit pas lui-même ?

 

                                  Lucie

Il pense qu'elle va rire parce qu'il a un grand nez.

 

                       Cyrano

Ça, il n'a qu'à pas mentir !

 

Lucie (elle crie presque)

Mais non, ça, c'est Pinocchio !

 

On entend au loin les parents : « LUCIE ! IL EST TARD ! DORS ». Lucie soupire.

 

                     Cyrano

                       Hoo ! On peut rien faire ici ! Bon, j’y vais !!

                       Tu veux voir comment sort un grand comédien ?

 

Il enjambe fièrement la fenêtre. D’un coup, il disparaît dans un bruit de broussailles et de raclement contre le mur, suivi d’un bruit sourd. Un « CHUUUUUUUUUTT ! » excédé retentit de la chambre des parents.

Un « Et voilà !! » s’entend sous la fenêtre.

 

24. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

Lucie est assise à sa table.

Elle peinturlure Audrey Hepburn avec un tube de rouge à lèvres.

 

                        Lucie (off)

Quand je serai grande, je serai actrice.  Mais une vraie.

Pas comme l'autre. J'aimerais bien être comme Audrey Hepburn.

 

25. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

Lucie est devant un miroir.

 

                         Lucie (off)

En attendant, comme vous pouvez le voir, ma vie n'est pas très   passionnante. Sauf une fois. Le jour où j'ai vu un extra-terrestre.

 

26. Extérieur. Nuit. Une rue. (Temps à l'orage, le tonnerre gronde).

Deux personnes reviennent d'une fête déguisée. Une des personnes est déguisée en extra-terrestre. Il a une combinaison verte. Deux petites trompes raides forment les oreilles. Il est complètement bourré.

 

                     Le fêtard

                     T’as picolé, toi ?

 

                     L'Extra-terrestre (complètement bourré)

                     Non ! J’ai rien bu !

 

                     Le fêtard

                     T'arriveras à retrouver ta maison ?

 

                     L'Extra-terrestre (complètement bourré)

Ouais…T'inquiète ! Elle est pas loin !…Tiens !…elle est là !

 

                     Le fêtard

                     C’est sûr que ça va aller ?

 

                     L'Extra-terrestre (complètement bourré)

                     C’est sûr… (comme une évidence :) j’ai rien bu !

 

Le fêtard le laisse. L’extra-terrestre ouvre le portail de la maison.

 

27. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Lucie est dans son lit. On entend le grincement du portail.

Elle saute de son lit, se précipite à la fenêtre. Au moment où elle regarde, un éclair illumine le jardin : l'extra-terrestre est éclairé pendant une seconde.

 

28. Extérieur. Nuit. Maison de Lucie. Le jardin.

Le type passe derrière un fourré, glisse et s'étale par terre. Il est tellement bourré qu'il n'essaie même pas de se relever. Il se met à ronfler.

 

27 Suite. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Lucie, à la fenêtre, regarde vers le fourré. Elle court se recoucher, toute excitée.

 

29. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Salon (coin repas).

Les parents et Lucie prennent le petit-déjeuner. Le père lit son journal. Dehors, il pleut des cordes.

 

                     Lucie

                     Cette nuit, j'ai vu un extra-terrestre. (Pas de réponse).

                     Il était tout vert. (Pas de réponse).

Il s'est caché derrière la haie. Tu veux venir le voir ?

 

La mère (au père)

                         Va voir son extra-terrestre !...

 

                     Le père

                      Tu vas pas t'y mettre, toi aussi !

 

                     La mère

                      Hoo ! Tu peux bien lui faire plaisir pour une fois !

 

                     Le père (Il soupire, replie journal)

                      Bon, il est où ?

 

30. Extérieur. Jour. Maison de Lucie. Le jardin.

Le père et Lucie courent sous la pluie. Lucie s'approche à pas de loup d’un fourré.

Elle écarte les feuilles. Il n'y a personne.

 

                     Lucie

                     Il était là.

 

29. Suite. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Salon (coin repas).

Le père et Lucie entrent et se rassoient.  Le père dégouline d’eau.

 

                     La mère

                      Alors ? Il était comment, l'extra-terrestre ?

 

Le père reprend son journal, ne préfère pas répondre. Lucie, elle, boude.

 

31. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Porte du Salon.

Lucie regarde la télévision. Un coffret de 9 DVD de la série « X-Files » est ouvert devant elle.

 

                        Lucie (off)

Il n'y a que mon cousin qui m'a cru pour l'histoire de l'extra-terrestre. Il voulait le voir lui aussi. Alors je lui ai dit qu'il avait qu'à aller sur la lune.

 

32. Extérieur. Jour. Maison de Lucie. Le jardin.

On retrouve Arthur, le cousin. Il sort de la maison, vêtu de son costume d'astronaute, un casque sous un bras, fier comme Artaban. Lucie applaudit.

 

                         Lucie (off)

On a construit une fusée, avec des pétards et de la cendre de la cheminée dedans.

 

La fusée est debout, posée dans le jardin. Elle est faite d'un tuyau de poêle, d'un entonnoir et de différents accessoires.

A quelques mètres, le père somnole dans un transat. Arthur met son casque, puis sort une boite d’allumettes.

                    

                     Lucie (excitée)

                     Vas-y, allume la mèche !

 

Le feu remonte la mèche pendant que Lucie et Arthur courent se mettre à l’abri. Soudain, une énorme pétarade à répétition dans une grosse fumée noirâtre. Le père fait un saut de cabri de peur et se renverse du transat.

 

                     Lucie (off)

                     La fusée, elle n’est pas allée loin.

                     Par contre, papa, lui, il a fait un bond de trois mètres.

 

Arthur retire son casque.  Il a un sourire idiot. Lucie est morte de rire.

La mère sort affolée de la maison, hystérique.

 

                     La mère

                     LUCIE !! QU'EST-CE QUE TU AS ENCORE FAIT !!?? »

 

                         Lucie (off)

Le Père-Noël, il est revenu en quatrième vitesse et il a repris le costume d'astronaute.

 

Le tuyau de poêle est explosé. L'entonnoir est à cinq mètres de là.

 

                         Lucie (off)

Par contre, cette fois, il n'a rien ramené. Il doit en avoir marre de faire l'aller-retour.

 

Le père, assis par terre, à côté du transat renversé, regarde, hagard, le tas fumant.

 

33. Intérieur. Jour. Chambre de Lucie.

Lucie est dans son lit et lit un livre. Sur la couverture est écrit : « Nous ne sommes pas seuls », avec une image d’une soucoupe volante.

 

                         Lucie (off)

Depuis, mes parents, ils veulent plus que je regarde la télé. Ça me donne des mauvaises idées, qu'ils ont dit. Alors, maintenant, c'est eux qui choisissent le programme.

 

La mère se penche à la porte, toute gentille.

                              

La mère

                         Lucie, tu viens ? J'ai mis Bambi à la télévision.

 

Elle disparaît.

 

                     Lucie (pour elle-même)

                     Et pourquoi pas Blanche-Neige pendant qu'on y est ?

                     (Elle se tourne vers la porte)

Ouiiii... j'arriiiiive... (pour elle-même :) J'espère que le chasseur, cette fois-ci, il ne va pas louper Bambi, qu'on n'en parle plus.

 

34. Intérieur. Jour. Maison de Lucie. Salon.

A la télévision, un dessin animé. Il y a un écureuil et un hibou qui discutent. Lucie est dans son fauteuil. Elle regarde le film, d'un regard neutre et lointain.

 

                     Lucie (off)

                     Enfin, tout ça, c’était avant.

 

Le hibou dit un truc à l’écureuil.

 

                     Lucie (off)

                     Parce que, après, il y a eu l’histoire avec le directeur.

                     Et j’ai plus eu droit à rien.

 

35. Intérieur. Jour. Ecole. Bureau du directeur.

Les parents de Lucie et Lucie sont assis sur des chaises, en face d’un bureau.

Au bureau est assis le directeur, au visage sévère.

 

                        Le directeur

On ne convoque pas pour rien !

 

Lucie soupire. Les parents n’en mènent pas large.

 

                       Le directeur

Si je vous ai dit de venir, c’est parce que votre fille a commis une grosse bêtise. Elle a jeté un pétard dans une poubelle, et en mettant le feu à la poubelle, elle a failli mettre le feu à l’école, de cette école dont je suis le responsable.

 

Les parents sont tétanisés. Lucie regarde le plafond.

                    

Le directeur

Mais ce n’est pas tout — et là, on se place du point de vue moral — dans ce bureau, face à moi, elle m’a insulté. Elle a proféré des gros mots que je ne saurais même pas répéter. Dans ce bureau même où nous sommes (il tape du doigt sur le bureau).

 

                       La mère

Nous ne savons plus comment faire... je ne sais pas où elle a pu apprendre tous ces gros mots… Ce n’est pas chez nous en tous cas.

 

Elle prend à témoin le père. Celui-ci  approuve.

 

                     Le père

                       Ça non, on ne le permettrait pas.

 

La mère prend la main de son mari. (Nous sommes sur ce geste, qui est à l’opposé de ce que les parents font chez eux. (Rf à la projection super 8 — sequence 18).

Du coin de l'oeil, Lucie voit ce geste. On reste un instant sur ce regard d'une enfant qui découvre que ses parents mentent.

 

                       Le directeur

En tous les cas, permettez-moi de vous dire que tout cela est intolérable et que cela ne sera pas sans conséquence.

 

                        La mère (elle essaie d’être responsable)

Vous croyez qu’elle devrait aller voir un psychologue ?

 

Le regard de Lucie se pose sur le directeur avec son air sévère.

 

36. Intérieur. Jour. Un couloir d’hôpital.

Séquence courte, style série « Urgences» :

Lucie est sur un brancard. Deux infirmiers la poussent en courant.

Un infirmier : « Vite!!!... Emmenez-là au bloc!... Prévenez le psychologue !... »

Une personne, à l'accueil, annonce au micro : « Le psychologue est demandé d'urgence au bloc !... ».

 

35. Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Bureau du directeur.

Le directeur déroule toujours son monologue.

 

                     Lucie (off)

                      Je ne veux pas aller chez le psychologue.

 

Le directeur termine sa diatribe.

 

                       Le directeur

Nous sommes ici dans un lieu où ne nous pratiquons pas seulement l’instruction, mais où nous éduquons. Il s’agit de l’école de la République.

 

Il prend un air de fin de conférence, en lissant son bureau de ses mains.

 

                         Lucie (off)

                          Pour ça, il faudrait que je sois grande tout de suite. Si je pouvais    

                          rencontrer  une fée, pour qu'elle exauce mon voeu, ça serait bien.

 

37. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Un rayon de lune éclaire la chambre.

Une explosion grotesque, avec un nuage de fumée (fumigène).

Une fée apparaît dans le nuage blanchâtre, suivi d’un coup de harpe.

Très belle, très douce. Dans ses cheveux, des paillettes argentées.

Lucie est assise sur son lit. La chambre est allumée.

Elle regarde droit devant elle, les bras croisés.

 

                     Lucie                 

                     Vous êtes une fée ?!!

 

                     La fée

                     Oui.

 

                     Lucie

                     Si je fais un voeu, vous l'exaucez ?

 

                     La fée

                      Oui. Que désires-tu ?

 

                     Lucie

                      Je voudrais être grande !

 

                       La fée

Abracadabra. Pouf !  (Elle lui a tapé gentiment sur la tête avec sa baguette) Voilà ! Ton voeu sera exaucé.

 

Lucie attend. Elle regarde ses bras, son corps.

                    

Lucie

                         Quand ça ?

 

                     La fée

                      C'est un voeu très difficile à réaliser, il faut du temps.

 

Lucie commence à froncer les sourcils.

                    

                     Lucie

                     Combien de temps ?

 

                     La fée

                     Au moins dix ans.

 

Lucie la regarde d'un oeil noir. La fée lui sourit gentiment.

 

                     La fée

                     Il faut que je m'en aille.

 

Un sourire charmant. « Pouf ! ». Elle disparaît dans un nuage de fumée.

Lucie reste toute seule.

 

Lucie (off)

                     Elle est nulle, cette fée !

 

Elle se recouche en faisant la tête.

 

Lucie

Moi, de toute façon, dans dix ans, je dirai tous les gros mots que les grandes personnes ont le droit de dire.

 

38. Extérieur. Jour. Un parc.

Un monde enchanté où tout le monde parle en gros mots le plus naturellement du monde. Lucie-20 ans, souriante et gentille, s’approche de la petite roulotte d'un marchand de glaces, à côté d’un café.

 

                     Lucie-20 ans

                      Bonjour, gros con, je voudrais une glace au citron, s'il vous plaît !

 

                     Le marchand de glace (tout sourire, s'excuse)

                      Putain de bordel, j'en ai plus. Quel merdier !

 

Un garçon de café passe avec un plateau.

 

                        Le garçon de café

Qu’elle est l’enfoiré qui a commandé un café ? Avec un verre d’eau en plus !

 

Sur le lac, dans un canot, un rameur entre en collision avec une rameuse dans le sien. Le rameur, étonné, se retourne.

 

                     Le rameur

                      C’est quoi ce bordel ?

 

                        La rameuse

Mais quel connard, vous pouvez pas regarder où vous allez ?

 

Au loin, le loueur de canots crie :

 

                     Le loueur de canots

                      Oh !! Y’en a marre de faire les cons avec les barques !

 

39 Suite. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie.

Lucie dans son lit.

 

                     Lucie

                       Et puis, j'irai à Rome, faire du scooter.

 

40. Extérieur. Jour. Rome.

Un bel Italien, sur un scooter, s'arrête le long d'un trottoir.

Lucie-20 ans est à la fenêtre d'une maison au mur jaune, au 1er étage.

 

                     Le bel italien.

                       Bellissima ! E  pericoloso sporgesi !...

 

Lucie-20 ans, tout sourire, disparaît de la fenêtre. (Une chanson de variété italienne enjouée commence...) Elle sort par la porte en courant, en chemisier blanc et robe grise. Elle monte sur le scooter, derrière le bel italien qu'elle enlace Il démarre. Une voiture devant eux avance à deux à l'heure. Le bel Italien la double en l'injuriant.

 

                     Le bel italien.

                       Ma vaffanculo!...

 

Un bel italien qui dit des gros mots, le rêve. Lucie regarde la caméra toute sourire. On les regarde s'éloigner en scooter sur la chanson italienne.

 

41. Intérieur. Nuit. Chambre de Lucie. (La chanson italienne s'arrête cut)

Lucie-7 ans, couchée dans son lit, s'est endormie, la lumière allumée.

La mère entre dans la chambre, remonte les couvertures, lui fait une bise sur le front, puis elle sort.

On s’éloigne lentement de Lucie qui dort.

Le projecteur super 8 entre dans le champ visuel et se met en route tout seul.

On se tourne vers le mur blanc, où est projeté un petit film :

 

42. Film en noir et blanc (On entre dans l’image—Une belle musique commence).

Lucie-20 ans et le bel italien sur le scooter.

Nous sommes comme dans le film  « Vacances Romaines ».

Ils roulent dans Rome.  Le Colisée. Une fontaine. Un monumental escalier.

Plus tard, je serai Zorro

Un scénario de court-métrage de Joel Olivier

Prix pour le scenario

— Prix de la Fondation Beaumarchais

— Prix du meilleur scénario (Festival du film court de Lille)

— Aide à la création de la musique originale (Maison du film court – Sacem)

Aide de la Région Champagne Ardennes

— Aide de la Région Nord-Pas-de-calais

Synopsis

Romain se déguise en Zorro pour rentrer à la maison. Manquerait plus que son beau-père, ça soit Sergent Garcia. Touché, c’est bien lui. Malheureusement, il est loin d’être aussi drôle. Mais, Romain, c’est Zorro. Et il n’a peur de rien.

Scénario

 

Une chanson ressemblant beaucoup au générique du feuilleton Zorro commence.

S’en suit un générique en noir et blanc :

 

1. Intérieur. Jour. Château et alentours.

Zorro, face caméra, fait un Z avec son épée.

 

          1B. Extérieur. Jour. Château et alentours.

On voit Zorro galoper sur un chemin de terre, sous les grands arbres d'une forêt.

 

1C. intérieur. Jour. Château et alentours.

Il court dans une coursive d’un château.

Il se bat à l’épée » avec Sergent Garcia, lui fait un Z sur sa chemise.

Une feuille « Wanted » est poignardée sur une porte en bois.

 

1D. Extérieur. Jour. Château et alentours.

En fond, une colline, un château fort.

Sur les pans de la colline, Zorro sur son cheval.

Le cheval se cabre. Un éclair zèbre le ciel. Fin du générique de Zorro.

 

2. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

On sort du noir : En s’éloignant apparaît une cape de Zorro accrochée à une patère dans un couloir. Puis, tout le long du mur, des déguisements d’enfants de toutes sortes accrochés en alignement à des patères.

On remonte lentement une allée de la salle de classe vers le bureau sur lequel est installée une télévision. À côté du bureau, l’institutrice lit un livre, prend des notes.

 

Les élèves regardent un film. C’est « Les lumières de la ville» de Charlie Chaplin. La scène du combat de boxe. Charlot se cache derrière l’arbitre. Il met un coup de poing à son adversaire, puis retourne se cacher derrière l’arbitre. L’arbitre s’écarte.

 

Plein cadre : Charlot se réfugie dans les bras de son adversaire. Les enfants rient.

 

Salle de classe : On redescend la seconde allée. A la première table, Remy et Arthur. Aux autres tables, on reconnaît les enfants de la « photo de classe » : Marlène, Sophie, Morgane… Ils rient au film. On s'approche de l'avant-dernière table. Sur la chaise de gauche, Lucie rit aux éclats. Assis à côté d’elle, les bras croisés, Romain, 8 ans, un petit garçon introverti. Il regarde au-dehors, ne sourit pas.

 

                     Romain (off)

                     Je m'appelle Romain.

 

3. Intérieur. Jour. Chambre d’hôpital.

Une jeune femme est couchée dans le lit. Elle regarde vers la fenêtre.

Sur le côté, un berceau avec un nounours qui dépasse.

 

                     Romain (off)

Je suis né de mère française et de père inconnu.

Pendant longtemps, j'ai cru que personne n'avait connu mon père. En fait, ma mère l'avait bien connu, et pendant un temps assez court, ils furent même assez proches.

 

4. Intérieur. Jour. Chambre de Romain.

La mère de Romain (Colette) crie, lève les bras au ciel. Romain, de dos, se fait engueuler comme du poisson pourri. Elle lui montre les jouets sur le sol, sa chambre en désordre, elle ramasse et jette violemment les jouets dans un coffre.

 

                     Romain (off)

Il paraît que ma mère a beaucoup crié pendant l'accouchement. Mais moi, je sais que ce n'est pas à cause de l'accouchement, car elle a continué à crier sur moi bien après le jour de ma naissance.

 

3 Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

Plein cadre : Charlot se met devant l’arbitre. L’adversaire va pour lui donner un coup de poing, Charlot se baisse, l’arbitre prend le coup de poing en pleine poire.

 

La classe : Remy, au premier rang, est mort de rire.

On revient sur Romain, qui regarde au-dehors.

                              

                               Romain (off)

Tous les dimanches, ma tante Pauline m’emmène à l’église.

 

5. Intérieur. Jour. Une église.

Une cinquantaine de paroissiens, de tous âges, sont assis sur les bancs en bois.

Disséminés parmi les ouailles, on reconnaît le photographe, le directeur de l’école. Le curé fait un sermon sur le don.

 

                     Romain (off)

Le seul souvenir qu'il me reste de la messe est le jour où j'ai fait pipi dans ma culotte en priant pour que personne ne s'en aperçoive.

 

La tante Pauline et Romain sont assis sur un banc. Romain a le visage contracté. Tante Pauline se tourne vers lui.

 

                     Tante Pauline

                     Ça va ?

 

Romain acquiesce. Tante Pauline se détourne. Il serre ses jambes tant qu'il peut. Il regarde autour de lui, cherche une issue à cette envie intenable. Puis on voit une petite flaque qui se forme sous le banc.

 

                     Romain (off)

Le curé m'avait dit un jour que Dieu voyait tout et je me demandais quel était son intérêt de me voir faire pipi sous un banc d'église. L'église était sa maison — du moins, c'est ce que disait le curé — et c'est vrai que je n'aurais pas aimé qu'on vienne pisser dans ma chambre.

 

Romain tourne la tête. Derrière lui, Lucie le regarde, avec un sourire idiot.

 

                     Romain (off)

Lucie aussi m'avait vu. Non pas qu'elle voyait tout, mais elle était assise juste derrière moi.

    

        3. Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

Plein cadre : Charlot donne un coup de poing à son adversaire, puis court vers la cloche et la fait sonner pour arrêter le round. Les enfants rient aux éclats.

 

On est sur Romain à sa table, qui ne rit toujours pas.

 

                     Romain (off)

                     Mon oncle Léon, c'est l'hurluberlu de la famille.

 

6. Extérieur. Jour. Une ferme.

Oncle Léon (Le psychologue) sort d’un établi, poussant son vélo à la main, fier de son oeuvre.

 

                     Romain (off)

Un jour, il a même construit un vélo tout en bois.

 

Devant la ferme se tient en rang d’oignon Tante Pauline, le curé, Maurice,Oncle Léon (le psychologue) monte sur le vélo.

                  

                   Le psychologue (Oncle Léon)

                   L'heure de vérité a sonné.

 

                   Tante Pauline

                   Tu es sûr de toi ?

 

                   Le psychologue (Oncle Léon)

                   C’est mon chef d’œuvre !

 

Il monte sur le vélo.

 

                     Tante Pauline (inquiète)

                   Oui, mais quand même…

 

                   Le psychologue (Oncle Léon)

                   Ne vous inquiétez pas. Tout est sous contrôle.

 

Il se met à pédaler, part en zigzag.

 

                   Tante Pauline (à Maurice)

                   Tu crois que des freins en bois, ça fonctionne ?

 

Oncle Léon s'éloigne sur la route et prend de la vitesse

 

                     Maurice

              Il ne devrait pas prendre trop d'élan, après, il y a la descente.

 

Oncle Léon roule à fond.

 

                   Le psychologue (Oncle Léon) (au loin)

                   Ça maaaarche!!...

 

Il s'arrête de pédaler.

                              

       Maurice

                     Qu'est-ce qu'il fait ?

 

Ils regardent, essaient de voir ce qui se passe.

 

                     Le curé

                     Ça n'a pas l'air de freiner !

 

On voit, au loin, Oncle Léon qui a posé ses deux pieds par terre pour freiner, mais il roule toujours aussi vite.

 

                     Maurice

                     Il n'a pas mis de freins, le con !

 

                     Le curé

Holala !!! Il va arriver à la descente de Saint-Julien !!!....

…Et elle est longue !..

 

Au loin, Oncle Léon disparaît.

 

                     Tante Pauline

                     Ça y est, il l'a prise !!

 

La route est vide. Ils regardent, incrédules, la route déserte.

 

                     Romain (off)

                     C'est la dernière fois que l'on a vu Oncle Léon vivant.

 

3. Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe. (En fond, le film).

Romain, le coude sur la table, la tête posée sur sa main, regarde au-dehors.

 

                     Romain (off)

Mon grand-père Maurice, lui, c'est un poète. Il donne un nom à chaque étoile.

 

7. Extérieur. Une nuit. Une ferme.

Au fond du jardin, une grande table avec une dizaine de convives qui discutent. Une lampe à pétrole illumine la table.

Devant la maison, Maurice est assis sur le perron. A ses côtés, Romain. La nuit est belle, les étoiles scintillent. Au loin, la campagne endormie. Maurice montre du doigt les étoiles.

 

   Maurice

        Tu vois, cette étoile ? C'est Marylin Monroe !

     Celle-là, c'est Ava Gardner! L'autre là-bas, c'est Gary Cooper !

 

                        Romain (off)

D'autres fois, pour changer, il dit que les étoiles sont le bout de leurs cigarettes allumées.

 

Romain suit le doigt.

 

                        Maurice

Quand tu vois une étoile filante, c'est Humphrey Bogart qui jette son mégot. La lune, c'est Groucho Marx et son cigare.

 

                        Romain

                        Et les soirs d’orage, comment tu fais ?

 

                        Maurice

Ils sont toujours là. Les éclairs, ce sont les flashs des appareils qui prennent Rita Hayworth en photo. Et le tonnerre, c’est Fred Astaire qui fait des claquettes (Il montre le ciel :) Tu vois les trois petites étoiles qui clignotent là-bas ? La rouge ! La verte! (un temps)…Ha ! Non ! Ça, c'est un avion (il fait un sourire à Romain)

 

                        Romain (il montre le ciel)

                        Et les deux petites étoiles, là-bas, qui c’est ?

 

                        Maurice

Les deux petites, c’est Laurel et Hardy. Ce sont eux qui brillent le moins et pourtant, ce sont eux qui ont illuminé mon enfance.

J’ai des films d’eux chez moi, je te les prêterais.

 

Soudain, des trombes d'eau. Les convives courent autour de la table et débarrassent en toute hâte les plats. Des cris fusent. Romain et Maurice courent se mettre à l’abri.

 

                     Romain (off)

Par contre, je n'ai jamais su à quoi correspondaient les trombes d'eau qui nous tombaient dessus, car il nous fallait toujours rentrer en quatrième vitesse.

 

3 Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

Le film de Charlie Chaplin se termine :

Plein cadre : La jeune aveugle accroche une rose au revers de la veste de Charlot. Elle reconnaît au toucher le riche qui lui a permis de retrouver la vue. Charlot a un sourire gêné.

 

On est sur Romain.

 

8. Plein cadre, noir et blanc : L’institutrice accroche une rose au revers du blouson de Romain. Romain hume le parfum de la rose et demande à l’institutrice si elle a recouvré la vue. Elle acquiesce. Le rond se rétrécit sur le visage de Romain qui exprime un sourire plein d’amour. Le mot fin apparaît.

 

3 Suite. Intérieur. Jour. Ecole. Une salle de classe.

L’institutrice ouvre les rideaux, ce qui ramène Romain à la réalité.

 

                     L’institutrice

Il nous reste une demi-heure… Nous allons faire une petite rédaction. Vous allez me décrire votre héros préféré. Pourquoi vous l’aimez. Ce peut être un héros de film, d’un livre, d’une bande-dessinée. Je vous laisse le choix. Laissez libre cours à votre imagination.

 

Les élèves prennent une feuille, un stylo. Romain, lui, continue de regarder le ciel par la fenêtre. L’institutrice marche dans l'allée. Elle arrive à sa hauteur.

 

                     L’institutrice

                     Tu n'écris pas ?

 

Romain la regarde. Aucune émotion ne perce sous sa carapace.

 

                     Romain

                     Si. Je réfléchis à ce que je vais écrire.

 

Elle lui sourit, continue sa route.

Lucie décapuchonne son Bic, Remy étale sa feuille, Sophie farfouille dans sa trousse, Marlène reste pensive. Romain regarde le déguisement de Zorro suspendu à une patère (composé d'une cape, d'un masque et d'un chapeau noirs, d'une épée).

                    

                     Romain (off)

                     Plus tard, je serai Zorro.

 

9. Intérieur. Jour. Une vieille écurie.

C’est dans le style des épisodes de Zorro colorisés :

Zorro est face à une porte en bois. Il donne un coup de pied dedans. La porte s'ouvre d'un coup. Sergent Garcia, les joues rouges couperosées et l’air ahuri, se réveille d’un coup. Il se lève péniblement. Trop tard, Zorro arrive et lui donne un coup de poing qui l’envoie valser contre une armoire. Il s’effondre. Un panier de pommes tombe sur sa tête.

L’institutrice, vêtue d'une robe de taffetas, est ligotée sur une chaise. Elle gigote de façon grotesque. Zorro court la délivrer.

Sergent Garcia se réveille à nouveau et se précipite sur un tromblon. Trop tard.

Zorro, d’un coup d’épée, a coupé la corde qui maintenait des bottes de foin. Sergent Garcia se les prend sur la tronche et tombe au milieu des poules.

Zorro prend dans ses bras l’institutrice.

Il enlève son masque. Apparaît un beau jeune homme.

 

                     L’institutrice (stupéfaite)

                     Romain !!!!

 

Au moment où il va pour l’embrasser, une sonnerie retentit.

Il se détourne pour voir d’où elle vient.

 

3. Suite. Intérieur. Ecole. Jour. Salle de classe.

Toujours la sonnerie. Les élèves se lèvent, tout en rangeant leurs affaires.

 

                     L’institutrice

                   Déposez vos devoirs sur la table en sortant.

 

Les élèves quittent la classe dans un brouhaha, en posant leurs devoirs sur le bureau. (On voit Remy, Marlène, Arthur, Lucie, Morgane, qui déposent leur devoir). Romain range lentement son cartable. Il se dirige ensuite sans se presser vers le bureau. Il est le dernier dans la classe. Il dépose sa feuille sur la pile de devoirs.

 

                     L’institutrice

J'espère que ta rédaction sera aussi bien que les précédentes. Tu es doué, tu sais. Tu devrais décrire un journal. Ou des poèmes.

Si tu veux, tu peux même me les montrer et je te dirai ce que j'en pense, d'accord ?          

         

Romain hoche la tête. L’institutrice glisse les devoirs dans sa sacoche. Romain reste planté là. Il n’a pas l’air de vouloir partir. Pour avoir une contenance, il regarde un livre posé sur le bureau (celui qu'elle lisait au début). L’institutrice lève les yeux, suit le regard de Romain.

 

                     L’institutrice

             C'est un livre de linguistique. C'est encore un peu tôt pour toi.

 

Romain profite de l’occasion.

 

                     Romain

                        Je peux le regarder ?

 

                     L’institutrice

                        Bien sûr.

 

Il ouvre le livre au hasard, son regard se pose sur une phrase.

Il lit à haute voix, assez lentement :

  

                     Romain

« Palindrome » mot ou expression présentant la même série de lettres, qu'il soit lu à l'endroit ou à l'envers. Exemple : « Non à ce canon ».

 

Il regarde la phrase, perplexe.

 

                     Romain

                    Et ça donne quoi, à l'envers ?

 

                     L’institutrice

                        « Non à ce canon »

 

                        Romain

                        Ça, c'est la première phrase.

 

                     L’institutrice

                        Oui, c'est la même phrase, mais à l'envers.

 

                     Romain

                    Et c'est la même chose ?

 

L’institutrice

                    Oui.

 

                     Romain

              Et à quoi ça sert de la dire à l'envers si c'est la même chose ?

 

                     L’institutrice

                   Ça sert à rien, mais on appelle ça un palindrome.

 

Il tourne le livre à l'envers, regarde le résultat. L’institutrice sourit.

 

                     L’institutrice

Non. En fait, il faut lire la phrase de gauche à droite, puis de droite à gauche. Et c'est la même chose.

 

Il remet le livre à l'endroit et essaye de lire de droite à gauche.

 

                     Romain

                    Non….à…ce….ca…non….

 

                     L’institutrice

                      Et ça donne la même phrase.

 

Il hoche la tête. L’institutrice le regarde. Elle aperçoit un bleu dans le cou.

 

                     L’institutrice

                     Qu'est-ce que tu t'es fait ?

 

                        Romain

                        Je suis tombé.

 

L’institutrice le regarde.

 

                     L’institutrice

Tu sais, si quelqu'un te frappe, il faut le dire. Il ne faut pas avoir honte. Personne n'a le droit de te frapper.

 

                        Romain

                    Je suis tombé.

 

Elle prend le bouquin, le range dans sa sacoche.

 

                     L’institutrice

                     Il faut que tu rentres, maintenant. Tu vas louper ton car.

 

                        Romain

                        Je peux prendre mon déguisement de Zorro ?

 

                     L’institutrice

                     Tu sais bien que c’est pour la fête de l’école.

       (Devant l’air dépité de Romain, elle se ravise).

       Tu le prends, mais tu le ramènes lundi, d’accord ?

 

Il hoche la tête, prend son cartable, va décrocher son déguisement et commence tranquillement à mettre sa cape et son épée. On frappe à la porte. Un homme entre. (On reconnaît le Zorro de son histoire). L’institutrice lui sourit. Il s’approche d’elle, lui demande si elle est prête à partir.

Romain prend son temps pour mettre son chapeau et son masque. Puis il va vers la porte, la franchit. Il se retourne. Le fiancé donne un baiser à l’institutrice. Il les regarde un instant, puis se repart.

 

10. Intérieur. Jour. Ecole. Couloir.

Romain croise une femme de ménage, Pauline, qui passe une serpillière dans le couloir. (On reconnaît la Tante Pauline).

 

                     Pauline

                     Attention, c’est mouillé !

 

Romain fait un léger détour et s’éloigne.

 

11. Extérieur. Jour. Devant l’école.

Romain passe devant un vieil homme assis sur un banc. (On reconnaît le grand-père Maurice).

                    

                     Maurice

                   Dis donc, tu as un beau déguisement !

 

                     Romain

                   Merci!

 

Romain continue sa route sans le regarder.

 

12. Extérieur. Jour. Une rue.

Romain passe devant une boulangerie.

Sur le perron, le boulanger, en habit de travail,fait une pause cigarette. (On reconnaît le curé de l'église)

Romain continue sa route.

Il croise un monsieur qui pousse son vélo. (On reconnaît le psychologue).

 

Le psychologue

                    Bonjour, Romain, ça va ?

 

                               Romain

                   Bonjour, Monsieur Léon.

 

Le psychologue (avec un sourire bienveillant)

                    Avec toi, les méchants n’ont qu’à bien se tenir.

 

Le psychologue entre sous un porche.

 

13. Extérieur. Jour. Une route.

Romain se dirige (de dos) vers un car scolaire. Dans le bus, Lucie dessine la tête de son papa sur la vitre (Même scène qu’avec Lucie, séquence 12, sauf qu’elle est vue de l’extérieur) Les regards de Romain et Lucie se croisent, puis il monte dans le car.

 

Romain remonte l’allée du car sous les quolibets des enfants. Arthur lui lance : « Hé ! Zorro ! T’as oublié ton cheval ? ». Un autre, Remy : « Déconne pas, c'est Zorro! ». Des rires fusent. Romain reste impassible. Il passe devant la banquette où se trouve Lucie. À côté de Lucie, Marlène, la petite fille brune. Romain s’assoit derrière elles. Lucie se retourne, le regarde.

 

14. Extérieur. Jour. Une route de campagne.

Le car scolaire roule sur une route de campagne.

 

15. Extérieur. Jour. Une route.

Romain, toujours en Zorro, se tient face à l’arrière du car. À l’arrière du car, Lucie, le visage collé à la vitre, le regarde. Le car démarre. Romain suit le départ du car, puis se détourne.

 

        16. Extérieur. Jour. Maison de Romain. Un chemin.

Romain se dirige vers une vieille maison, au bout d’un chemin de terre. A sa droite, il passe à côté d’une remise en tôle avec, devant, une carcasse de voiture.

Il arrive devant la porte, hésite. Il n’a pas l’air d’avoir envie d’entrer.

 

17. Intérieur. Jour. Maison de Romain. Salle à manger.

On entend la porte d’entrée s’ouvrir, puis Romain en Zorro apparaît dans le salon.

Son beau-père, Robert, est avachi dans un fauteuil. (On reconnaît le Sergent Garcia du générique). Il regarde la télévision. Son pantalon est un bleu de travail. Il a un air mauvais. Visiblement, il a bu. Il se tourne vers Romain.

 

                     Robert

C'EST QUOI CE DEGUISEMENT A LA CON ?? (Il le dévisage, agressif) TU M'ENLEVES ÇA TOUT DE SUITE ET TU VAS DANS TA CHAMBRE !!

 

Romain le fixe, puis monte dans sa chambre.

 

18. Intérieur. Jour. Maison de Romain. Salle à manger.

Robert, Colette (la mère), et Romain dînent dans la cuisine. Les murs sont jaunes et le mobilier en Formica. Un plat de pâtes trône au milieu de la table, une bouteille de rouge est placée près de l'assiette du beau-père. Une certaine tension règne dans la pièce. Robert tient entre ses mains le livret scolaire de Romain.

 

                     Robert (mauvais)

Regarde-moi ça! Non mais qu'est-ce que tu vas faire plus tard avec des notes pareilles!!

 

                     Romain

                     Plus tard, j'écrirai des pièces de théâtre.

 

                     Robert

C'est ça. Et moi, je serai chanteur d'opéra! Alors, tu fais un vrai métier, et après, tu feras ce que tu voudras! D'accord ?

 

Romain ne dit rien.

                    

Robert

Je vais t'expliquer, tu vas comprendre. Tu fais menuisier, tu construis des planches, tu les assembles, et après, si tu veux, tu peux monter dessus.

 

                     Romain

Je ne crois pas que les gens vont au théâtre pour voir un menuisier sur la scène.

 

Robert lui balance une claque retentissante.

 

                     Robert

                     Je n'aime pas les petits insolents.

                     Ton repas est fini, va dans ta chambre.

 

Romain soutient le regard de son beau-père, puis se lève et quitte la pièce.

 

19. Intérieur. Jour. Chambre de Romain.

Romain est couché dans son lit. Venant du rez-de-chaussée, on entend une dispute très violente entre Robert et Colette. Des bris de verre. Des insultes. Romain ne bouge pas. Il subit.

 

20. Extérieur. Jour. Maison de Romain. Un chemin.

La porte s'ouvre. Le beau-père sort, en état d’ébriété. Il claque la porte. Il remonte l’allée, ouvre le portail et prend le chemin de terre.

 

19. Suite. Intérieur. Jour. Chambre de Romain.

Romain est couché dans son lit. Il n’a pas bronché.

 

        21. Intérieur. Jour. Maison de Romain. Salle à manger.

La mère est assise dans un fauteuil, face à la télévision qui diffuse une série américaine à l’eau de rose. Les deux personnages se disent qu'ils s'aiment, qu'ils sont faits l'un pour l'autre et tout le tralala sur une musique sirupeuse.

 

19 Suite. Intérieur. Jour. Chambre de Romain.

On retrouve Romain, dans la même position. On entend hennir un cheval. Romain saute de son lit et se précipite à la fenêtre, qu’il ouvre.

Il voit son beau-père disparaître au bout du chemin de terre.

 

22. Extérieur. Jour. Château et alentours.

Zorro monte sur son cheval.

Le cheval se cabre dans un hennissement, puis se met à galoper.

 

23. Extérieur. Jour. Château et alentours.

Le beau-père ivre marche en titubant sur le bord du chemin.                                     

Au loin, le cavalier masqué apparaît et arrive au galop. Il passe à côté du beau-père. Les sabots du cheval frappent une flaque d'eau qui éclabousse le beau-père. Le beau-père se retrouve couvert de boue.

 

                     Robert

                     Non, mais il est con, lui !

 

Zorro s'éloigne sur le chemin de terre.